La motivation a bien meilleur goût

Le mois de janvier sonne l’alerte aux résolutions. Au nom de la santé, tous entrevoient de bouger régulièrement. Mais déjà le maintien paraît lourd? Pour ancrer votre motivation dans le temps, une introspection s’impose.

Troquer le devoir pour le plaisir

Il existe deux grandes catégories de motivation réunies en un continuum dont vous êtes l’hôte. À son extrême gauche figure la motivation dite intrinsèque, qui prend origine au plus profond de vous-même et se nourrit directement de votre plaisir et vos intérêts en matières d’activité physique. Rien de sorcier jusque-là, puisque pour l’honorer, il vous suffit de bouger pour vous faire du bien. Malheureusement, les considérations du corps sont à l’honneur dans notre société qui considère les résultats obtenus comme principale source de motivation et témoin absolu du succès. C’est le propre de la motivation extrinsèque, occupant l’extrême droite du continuum, qui boude farouchement vos intérêts du moment et répond aux normes qui vous sont extérieures. D’ailleurs, elle est considérée comme la plus grande menace au maintien de votre comportement actif. Vous conviendrez qu’il n’y a rien de plus démotivant que d’enfourcher le banc de la torture pour prévenir un éventuel problème de santé ou pour modifier son apparence selon des standards qui vous ont été insidieusement imposés. Si vous souhaitez bouger sur le long terme, il vous faut abandonner cet esprit de labeur et réorienter votre motivation vers une cible davantage personnelle et significatrice de votre bonheur à chaque instant, surtout pendant l’effort. Que ce soit de danser au son de votre musique préférée, de jouer à cache-cache avec les enfants ou de vous défouler avec des amis dans une partie enlevante, misez toujours sur ce qui vous exalte et vous y laisserez imprégné sur votre mémoire le souvenir d’un moment agréable et moteur du changement. Il est d’ailleurs bien démontré que ceux qui s’exercent régulièrement depuis plus d’un an le font d’abord par pur plaisir plutôt que pour la santé.

Une cadence qui se maintient

Et qui souhaite se faire du bien doit savoir tempérer sur l’intensité, car plus elle augmente, plus votre bien-être diminue et avec lui en souffre également votre souvenir de la séance. Preuve à l’appui, la prescription d’exercices à intensité élevée affecte négativement la participation à un programme d’entraînement et décourage surtout les nouveaux arrivants. Comble de bonheur, une gamme infinie de bienfaits sur la santé s’étend à la portée des nouvellement actifs à travers des intensités plus modérées. Si vous êtes tout de même de ceux qui carburent aux résultats, ayez en tête que ceux que vous obtiendriez la semaine prochaine ne vaudront rien si vous ne bougez plus dans un mois. Dosez donc judicieusement ces élans d’accomplissement qui piègent trop souvent les débutants en quête de progrès hâtif. L’intensité, soyez confiant qu’elle viendra tout naturellement avec la régularité, et avec elle tous ses miracles sans même les désagréments. Vous constaterez alors votre bien-être devenir central dans votre pratique et les progrès du corps, secondaires.

S’investir où ça rapporte

Bien que menaçants si seuls moteurs de votre motivation, les objectifs peuvent stimuler votre démarche active à condition qu’ils soutiennent votre flot d’intérêts intrinsèques. Toujours dans la visée du long terme, il faut cependant réduire leur nombre au minimum afin d’éviter de courir plusieurs lièvres à la fois. Veillez également à contrôler vos ambitions, car un objectif moindrement irréaliste vous déviera de la voie intrinsèque et vous donnera la fièvre du résultat plutôt que du plaisir. Et nous le savons maintenant, cette route est périlleuse à emprunter si le maintien figure parmi les destinations. Mieux vaut opter pour des objectifs modestes mais stimulants, à la fois proximaux dans le temps et efficacement mesurables. Si toutefois vous craignez que les séances trop espacées aient dissimulé vos progrès récents, condamnez le compteur et roulez pour le plaisir, sans contrainte ni mesure. Il s’agit là d’un investissement plus rentable, au profit du maintien à court et long terme, que l’atteinte d’un objectif chiffré qui en coûterait votre bien-être.

Une expérience humaine inspirante

En terminant, puisque le support peut faire la différence, sachez vous entourer de ceux qui encourageront votre fougue active. Les kinésiologues, professionnels de l’activité physique, recèlent d’astuces pour optimiser votre motivation selon votre continuum personnel. Les tentations du débutant, ils savent les contrer à coup d’objectifs judicieusement visés. Et finalement, ils guideront habilement votre quête hédoniste puisque, comme pour le vin, il convient d’explorer plusieurs cépages avant de trouver la bouteille idéale.

RÉFÉRENCES:
  1. De Feo P (2013). Is high-intensity exercise better than moderate-intensity exercise for weight loss? Nutrition, Metabolism and Cardiovascular Diseases. 23(11):1037-42
  2. Teixeira PJ et al. (2012) Exercise, physical activity, and self-determination theory: a systematic review. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. 9:78-108.
  3. Kwan BM & Bryan AD (2010). Affective response to exercise as a component of exercise motivation: attitudes, norms, self-efficacy, and temporal stability of intentions. Psychol Sport Exerc. 11(1):71-79.
  4. Wilson K & Brookfield D (2009) Effect of goal setting on motivation and adherence in a six-week exercise program. International Journal of Sport and Exercise Physiology. 7(1): 89-100.
  5. Ekkekakis, P. (2009) Let them roam free? Physiological and psychological evidence for the potential of self-selected exercise intensity in public health. Sports Medicine. 39(10): 857-888.
  6. Willams, D.M. (2008) Exercise, affect and adherence: an integrated model and a case for self-paced exercise. Journal of sport and exercise psychology. 30:471-496.
Par Marianne Lacharité-Lemieux, B. Sc. Kinésiologue
4 octobre 2017
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