L’activité physique, un atout pour vos papilles gustatives et votre odorat !

L’activité physique est reconnue pour ses nombreux bienfaits sur la santé. Mais saviez-vous qu’elle pouvait également influencer vos sens du goût et de l’odorat ? Explorons ensemble cette découverte ! 

 

Le goût et l’odorat : essentiels à notre alimentation et notre qualité de vie 

Imaginez-vous en train de manger votre plat favori, mais sans goût ni odeur. Ennuyeux, non ? 

Notre expérience culinaire est essentiellement due à notre capacité à goûter et à sentir, et ce, grâce au nez, à la langue et au cerveau. L’odeur de biscuit au four vous fait saliver et éveille votre cerveau afin que votre système digestif soit prêt à recevoir les biscuits. Vos sens vous avertissent aussi quand quelque chose n’est pas bon à manger. Ensemble, ils permettent de percevoir un heureux mélange des goûts sucré, salé, acide, amer et umami, et des odeurs si diversifiées. Il est même documenté que préserver les sens aiderait à améliorer la qualité de vie. 

 

Présentation des données actuelles sur la sensibilité gustative et olfactive 

L’exercice physique a un impact significatif sur nos perceptions sensorielles, particulièrement sur le goût et l’odorat. Ces effets varient selon plusieurs facteurs, notamment l’intensité de l’activité, sa fréquence, sa durée, ainsi que les caractéristiques individuelles des personnes. Examinons ceci en détail. 

 

Effets de l’exercice sur le goût 

Selon la revue systématique de Gauthier et al. publiée en 2020, l’exercice aurait des effets sur le goût à la fois ponctuels (après une seule séance) et à long terme (avec une pratique d’activité physique régulière). 

 

Cette revue, qui portait sur 18 études originales, révèle que l’exercice ponctuel est associé à une augmentation de la sensibilité et de l’intensité perçue des goûts. 

 

  • Par exemple, il se peut que juste après une séance d’exercice, votre nourriture goûte plus sucré. C’est, entre autres, pourquoi le jus de pomme goûte beaucoup plus sucré, voire trop, à l’effort ! Par ailleurs, avec l’effort physique, on peut noter un accroissement du désir pour les aliments sucrés. 
  • En revanche, bouger entraîne une diminution de la perception du goût salé et augmente le désir pour les aliments salés. Il n’est pas impossible que ces changements soient liés aux besoins de refaire les réserves d’énergie et d’électrolytes. 

 

En ce qui concerne l’exercice pratiqué sur une base régulière, il est associé à une diminution du désir pour les aliments sucrés et à une amélioration de la sensibilité au sel. Pour ce qui est des autres goûts (amer, acide, umami), les études sont moins nombreuses et moins concluantes à ce stade.  

 

Tableau 1 : Résumé des effets de l’exercice physique sur le goût 
Effets de l’exercice physique aigu

(court terme)

Effets de l’exercice physique chronique (long terme)
Goût sucréAugmentation de la perception, sensibilité et préférenceRéduction de la préférence
Goût saléDiminution de la perception et de la sensibilité de l’intensité 
Augmentation de la préférence
Amélioration de la sensibilité
Goût acideDiminution des notes d’intensité 
Préférence accrue
Goût umamiAugmentation de l’intensité et de la sensibilité 
Diminution de la préférence
Amélioration de la capacité d’identification 
Intensité perçue plus élevée 
Préférence réduite
Goût amerPas de résultats significatifs

 

En d’autres mots, il se peut qu’à long terme, si vous faites de l’exercice régulièrement, vous ayez moins envie de sucreries et vous deviendrez plus sensible au sel. 

 

Effets de l’exercice sur l’odorat 

La revue systématique de Cournoyer et al. publiée en 2024, portant sur 17 études, met en lumière les effets de l’activité physique sur l’acuité olfactive. Elle révèle, qu’à court terme, l’activité physique améliore la capacité à détecter des odeurs à faibles concentrations et augmente l’intensité perçue des odeurs. Quant aux effets chroniques (à long terme), l’activité physique améliore la capacité d’identification des odeurs et les effets positifs sont plus marqués sur les composantes olfactives par rapport à l’activité physique aiguë. 

 

Tableau 2 : Effets de l’exercice physique sur l’odorat 
Effets de l’exercice physique aigu 

(court terme)

Effets de l’exercice physique chronique 

(long terme)

Seuils de détection olfactiveAmélioration de la détection des odeurs à faibles concentrationsAmélioration de la capacité d’identification des odeurs
Intensité perçue des odeursAugmentation de l’intensité perçue des odeursEffets positifs plus marqués pour les composantes olfactives

 

L’intensité, la clé du succès 

L’activité physique d’intensité élevée semble avoir un impact particulièrement positif sur la perception du goût et de l’odorat. Pour le goût, elle est associée à de meilleurs scores pour les goûts amer et salé, ainsi que pour le score total des tests gustatifs. Ces résultats s’alignent avec les observations de la revue de Gauthier et al. sur les effets à long terme de l’exercice sur la sensibilité au sel. Concernant l’odorat, l’intensité élevée de l’exercice pourrait expliquer l’amélioration plus marquée de la capacité à détecter et identifier les odeurs tel qu’observé dans la revue systématique de Cournoyer et al. 

 

Fréquence et durée : des facteurs importants 

L’intensité, la fréquence et la durée de l’activité physique sont aussi associées à une meilleure perception sensorielle, car une pratique plus fréquente et plus longue d’activité physique d’intensité moyenne à élevée est liée à de meilleurs résultats aux tests gustatifs et olfactifs. 

 

Qui en profite le plus ? 

Les bénéfices de l’activité physique sur le goût et l’odorat ne sont pas uniformes pour tous. En effet, les hommes semblent tirer davantage profit d’un mode de vie actif en termes de préservation du goût. Chez les femmes, l’absence d’association significative pourrait s’expliquer par un profil gustatif mieux préservé. Les personnes de poids normal ou en surpoids bénéficient plus des effets positifs de l’activité physique sur le goût que celles vivant avec de l’obésité sévère. Ces différences individuelles pourraient expliquer certaines variations dans les résultats des études sur le goût et l’odorat, soulignant l’importance de considérer ces caractéristiques dans les futures recherches. De plus, les auteurs des études mentionnent le besoin d’une meilleure cohérence méthodologique entre les recherches pour consolider ces résultats prometteurs. 

 

Implications pour votre santé et votre bien-être 

Ces résultats soulignent l’importance de l’activité physique régulière, en particulier d’intensité moyenne à élevée, pour maintenir une bonne perception du goût et de l’odorat. Cela peut avoir des implications positives sur le plaisir alimentaire et potentiellement sur les choix nutritionnels.  

 

Pour intégrer plus d’activité physique dans votre quotidien, vous pouvez : 

  • Augmenter progressivement la fréquence et la durée de vos activités; 
  • Intégrer des séances courtes, mais intenses (ex. : entraînement par intervalles qui permettent d’aller à plus haute intensité); 
  •  Choisir des activités que vous appréciez pour favoriser leur suivi à long terme. 

 

En conclusion, bouger régulièrement et intensément semble être une clé pour mieux savourer les aliments ainsi que préserver vos capacités gustatives et olfactives au fil du temps. Et votre kinésiologue est là pour vous aider ! 

 

Références et liens vers articles en libre accès (gratuits)

Alexandre-Charles Gauthier, François Dupont, Marie-Eve Mathieu. Association between physical activity and taste – The advantage of increased intensity for some but not all individuals. PlosOne. 2023; 18(12):e0295173. doi: 10.1371/journal.pone.0295173  

Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32916826/

 

Mathieu Cournoyer, Alexandre-Charles Gauthier, Alice Maldera, Fabien Dal Maso, Marie-Eve Mathieu. Effect of physical activity on olfaction acuity: A systematic review. Physiology & behavior. 2024; 284:114648. doi: 10.1016/j.physbeh.2024.114648

Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39059598/ 

Par Zoé Duchesneau, kinésiologue, candidate M.Sc. en Sciences de l'activité physique.
4 novembre 2024
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