Le surplus de poids, une simple question de génétique?

[p]Nos mauvaises habitudes de vie nous font grossir. Elles sont loin devant la génétique pour expliquer pourquoi les gens gagnent du poids.[/p] [p]Vers la fin des années 90, des chercheurs québécois ont mis en évidence l’écart énorme entre la génétique et le mode de vie lorsqu’il est question d’expliquer le surplus de poids. Le graphique ci-dessous nous montre à quel point la génétique a une faible influence sur l’indice de masse corporelle (IMC) et la masse grasse. Par contre, l’obésité viscérale semble être davantage expliquée par notre hérédité.[/p] [p]Bien entendu, il existe de rares cas où l’obésité est exclusivement due à des facteurs héréditaires. Ces personnes ont une déficience en certaines hormones (leptine) impliquées dans le contrôle de l’appétit. Par contre, quelques cas seulement ont été répertoriés dans le monde entier.[/p]

Les gènes : d’hier à aujourd’hui

[p]L’être humain a connu de nombreuses périodes de famine au cours de son évolution. Seuls les individus pouvant emmagasiner l’énergie le plus efficacement possible survivaient. Donc, théoriquement, l’homme aurait développé des gènes favorisant la prise de poids au fil des siècles.[/p] [p]Depuis moins de 40 ans, l’obésité gagne de plus en plus de place dans nos sociétés. Évidement, des changements au niveau des gènes ne s’effectuent pas sur une période aussi courte. Alors, qu’est-ce qui a changé depuis quelques décennies? C’est notre environnement et notre mode de vie. Celui-ci favorise les activités sédentaires, une alimentation riche en calories et en gras ainsi qu’un niveau de stress accru.[/p]

Les gènes identiques et les gènes qui voyagent

[p]Les études menées auprès de jumeaux ou d’enfants adoptés démontrent malgré tout que les facteurs génétiques ont une influence non négligeable sur l’IMC des enfants. L’hérédité, tout comme le mode de vie des parents, influence leur composition corporelle. Toutefois, quand on parle d’obésité, les relations entre les parents et leurs enfants biologiques sont beaucoup plus fortes que celles de parents à enfants adoptifs. Ceci confirme que la génétique contribue dans une certaine mesure au développement de l’obésité.[/p] [p]Des chercheurs québécois ont aussi découvert que l’obésité parentale est un facteur de risque d’obésité beaucoup plus important que l’inactivité physique, l’écoute télévisuelle et le faible revenu familial. Cependant, même si la génétique a son mot à dire dans le surpoids, n’oublions pas que les enfants issus d’une famille obèse partagent non seulement les gènes, mais également les conditions de vie de leurs parents.[/p] [p]Il suffit d’observer les études réalisées sur les immigrants pour bien comprendre l’importance prédominante de l’environnement pour expliquer l’épidémie d’obésité. Dans les années 90, on observait déjà que l’IMC des japonais américains était bien supérieur à celui des japonais qui vivaient au Japon. Voilà un exemple qui nous rappelle bien que l’hygiène de vie constituent l’ennemi auquel il faut s’attaquer en premier si on veut combattre l’obésité.[/p]

Une bonne hygiène de vie annule l’effet génétique

[p]En 2008, des experts européens ont évalué les interactions entre l’hérédité et l’hygiène de vie. Selon les données récoltées sur plus de 15 000 personnes, le cocktail le plus dangereux s’est avéré être le mélange de la sédentarité avec une prédisposition génétique aux surpoids. Mais, être prédisposé au surpoids ne semblait pas avoir d’importance chez les gens physiquement actifs. C’est donc dire que l’activité physique a un effet protecteur et pourrait même contrecarrer les effets de nos gènes.[/p] [p]Certaines personnes sont plus sujettes à prendre du poids que d’autres. Néanmoins, il faut se rappeler qu’il est impossible d’agir sur notre hérédité ni même de savoir si nous possédons ou non un gène d’obésité. Pour atteindre ou maintenir un poids santé, il faut mettre les efforts sur nos comportements et nos habitudes de vie. Les gènes ne montrent que les gens prédisposés ; ils ne nous disent pas combien deviendront obèses. Bref, nous ne sommes pas les victimes de notre hérédité. C’est à nous d’agir![/p]

Références:

  1. Pérusse L. et al. L’épidémiologie génétique et la génétique moléculaire de l’obésité : les enseignements de l’étude des familles de Québec. Med Sci (Paris).14 (8) : 914-924, 1998.
  2. O’Rahilly S et al. Minireview: human obesity-lessons from monogenic disorders. Endocrinology. Sep;144(9):3757-64, 2003.
  3. Silventoinen K et al. The genetic and environmental influences on childhood obesity: a systematic review of twin and adoption studies. Int J Obes (Lond). 34(1):29-40, 2010.
  4. Chaput JP, Tremblay A et al. Risk factors for adult overweight and obesity: the importance of looking beyond the ‘big two’. Obes Facts. Oct;3(5):320-7, 2010.
  5. Chaput JP, Brunet M et Tremblay A. Relationship between short sleeping hours and childhood overweight/obesity: results from the ‘Québec en Forme’ Project. Int J Obes (Lond). 30(7):1080-5, 2006.
  6. Curb JD et Marcus EB. Body fat and obesity in Japanese Americans. Am J Clin Nutr. Jun;53(6 Suppl):1552S-1555S, 1991.
  7. Andreasen CH et al. Low physical activity accentuates the effect of the FTO rs9939609 polymorphism on body fat accumulation. Diabetes. Jan;57(1):95-101, 2008.
  8. Kilpeläinen TO et al. Physical activity attenuates the influence of FTO variants on obesity risk: a meta-analysis of 218,166 adults and 19,268 children. PLoS Med. Nov;8(11):e1001116, 2011.
  9. Choquet, H et Meyre, D. Genetics of Obesity: What have we Learned? Curr Genomics. May; 12(3): 169–179, 2011.
Par Mathieu Rousseau, B.Sc., kinésiologue, Dt.P. nutritionniste
30 novembre 2017
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