Dre Elizabeth Dougherty : l’activité physique avant tout médicament
Médecin de famille depuis 11 ans, Dre Elizabeth Dougherty est une de ces professionnelles qui aime prescrire l’activité physique à ses patients. Impliquée dans de nombreux projets sportifs tels que la Grande Marche du Grand défi Pierre Lavoie, elle souhaite montrer à ses patients que l’activité physique sur une base régulière peut être plaisante et bénéfique à la santé.
Q: D’où vous vient l’idée de prescrire l’activité physique à vos patients?
Ça fait un moment qu’au niveau scientifique on sait que l’activité physique est la meilleure pilule et pratiquement sans effet secondaire. C’est connu depuis longtemps que le sport a des bienfaits sur les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et sur la prévention du surpoids. Depuis quelques années nous sommes conscients des bénéfices sur la santé mentale. J’ai toujours encouragé mes patients à bouger, mais depuis mes implications avec l’Association des médecins omnipraticiens d’Yamaska (AMOY) et le Grand défi Pierre Lavoie il est beaucoup plus facile pour moi de prescrire l’activité physique. J’ai toujours eu ce réflexe avec mes patients, par contre, maintenant j’ai plus tendance à l’écrire sur un bout de papier au lieu de juste le dire.
Q: Est-ce qu’il y a des preuves scientifiques qui démontrent les bénéfices de l’activité physique?
Il y a plusieurs études qui ont démontré les bénéfices de l’activité physique, mais je ne pourrais vous citer une étude précise. Dans tous les congrès, nous parlons en premier de changer les habitudes de vie avant de parler de molécules. Peu importe la maladie, c’est toujours la même chose : premièrement, modifier les habitudes de vie et ensuite prescrire des pilules.
Ce n’est jamais l’inverse!
Q: Comment les patients réagissent-ils lorsque vous leur prescrivez de l’activité physique pour la première fois?
C’est variable!
Tout dépend de leur degré de motivation à la base, mais en général ils ne sont pas surpris.
On peut voir l’effervescence d’un mouvement social qui tend vers de meilleures habitudes de vie. C’est comme le tabagisme, tout le monde sait que fumer est néfaste pour la santé, mais lorsqu’on se le fait dire par notre médecin c’est autre chose. C’est prouvé que quand un médecin dit à un patient d’arrêter de fumer, celui-ci a beaucoup plus de chance de réussir. Je crois que l’activité physique est la même chose. Si c’est prescrit par un médecin, le patient à plus de chance de rester fidèle à son sport.
Q: Est-ce que le fait de mentionner que l’activité physique peut éviter de prendre un médicament supplémentaire augmente l’intérêt des patients?
Oui, ça marche souvent! C’est sûr qu’il y a des irréductibles qui sont moins motivés et qui aiment mieux prendre la pilule puisque c’est moins compliqué. C’est certain que faire de l’activité physique requiert un minimum d’engagement et de motivation. Il faut garder en tête que quand on veut changer nos habitudes de vie, les 3 premières semaines sont les pires et ensuite c’est une routine. Généralement quand je dis à mes patients que l’exercice physique peut remplacer leur pilule, oui, ils sont plus motivés à mettre les efforts.
Q: Est-ce qu’il y a des activités plus efficaces que d’autres?
En fait, je ne prescris pas d’activités spécifiques. Je demande à mes patients ce qu’ils aiment et s’ils pensent avoir la motivation de persister dans ce sport. Si j’ai un patient qui hait aller au gym, je vais lui dire de faire autre chose, l’important c’est de bouger! Je suggère souvent la natation aux personnes qui sont blessées, ce n’est pas parce que tu ne peux pas marcher que tu ne peux pas nager! Ce genre d’intervention est du cas par cas, l’activité doit être accessible et motivante, si c’est trop compliqué les gens se démotivent.
Q: Travaillez-vous en collaboration avec des kinésiologues?
Oui! Je travaille en collaboration avec plusieurs kinésiologues surtout quand je rencontre des patients qui sont déprimés et blessés. Je les encourage à aller voir un kinésiologue pour avoir un programme complet de remise en forme qui les aidera autant mentalement que physiquement. Aussi, j’envoie des patients qui démontrent le désir de se remettre en forme, mais qui ne savent pas par où commencer.
Q : Avez-vous des retours suite à vos référencements de patients chez le kinésiologue?
La question est plutôt : est-ce que les gens y vont réellement?
Malheureusement, plusieurs investissent dans Netflix, mais ne sont pas prêts à investir dans de l’activité physique. Vu que ce n’est pas couvert par leur plan d’assurance, ils trouvent que c’est une dépense de plus. C’est à ce moment que j’essaie de leur faire comprendre que ce n’est pas une dépense, c’est un investissement.
Q: Depuis les 10 dernières années, est-ce qu’il y a eu une évolution de mentalités face à la prescription d’activité physique?
Oui, surtout auprès des parents qui ont des enfants actifs. Il y a plusieurs parents qui se sentent mal de ne pas bouger tandis que leurs enfants pratiquent un sport. Maintenant, j’ai besoin de moins d’effort pour convaincre les gens à devenir plus actifs, car les bienfaits sont beaucoup plus connus. Encore une fois, c’est la même situation que le tabac. Il y a 20 ans, ce n’était pas évident arrêter de fumer et la majorité des gens fumaient. Les mentalités progressent au niveau social et avec de grands mouvements comme le Grand défi Pierre Lavoie les gens sont de plus en plus conscientisés. Les médecins avaient des blocs-notes spéciaux pour prescrire la Grande marche. Nous n’avions qu’à signer en bas de la feuille, pas de problème de calligraphie difficile à lire!
La prescription de cube énergique en lien avec le Grand défi Pierre Lavoie est en place depuis 2009. Au cours des dix dernières années, plus de 737 millions de cubes ont été accumulés ce qui représente plus de 184 millions d’heures d’activités physiques! Une très belle initiative qui réussit à faire bouger.
En 2017, l’Association québécoise des médecins du sport et de l’exercice a lancé une campagne pour inciter les médecins à prescrire plus fréquemment l’activité physique à leurs patients. La population québécoise a besoin de plus de médecins comme Dre Dougherty pour augmenter le maigre 41% de la population qui fait le 150 minutes d’activité physique recommandé. Jumeler prescription d’activité physique avec kinésiologue est la méthode la gagnante pour bouger en sécurité.
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