Le kinésiologue, un allié essentiel dès le diagnostic de cancer

Le cancer est la première cause de décès au Canada et le nombre de nouveaux diagnostics ne cesse d’augmenter [1]. Heureusement, les avancées scientifiques des dernières décennies permettent une détection précoce du cancer, une prise en charge rapide et des traitements plus efficaces, ce qui a considérablement réduit le nombre de décès attribuables au cancer.

En contrepartie, il y a une hausse du nombre de personnes qui vivent avec des défis quotidiens liés aux effets secondaires à long terme du cancer et ses traitements1 tels que la fatigue, des douleurs, des symptômes anxieux ou dépressifs, la peur d’une récidive ou des troubles cognitifs [2,3]. Ces individus ont un risque plus élevé de déconditionnement physique [4,5] et de faible qualité de vie [6,7]. Par conséquent, le cancer représente non seulement un fardeau personnel considérable, mais aussi une charge sociétale importante pour le système de santé en raison des nombreuses consultations et soins associés aux diagnostics, traitements et suivis pour un cancer. L’allègement de ces fardeaux passe entre autres par des actions visant à promouvoir la santé et la qualité de vie des individus dès l’annonce d’un diagnostic de cancer.

L’adoption et le maintien d’un niveau d’activité physique rencontrant les recommandations est une stratégie sécuritaire qui permet d’optimiser la santé physique et psychologique chez les individus ayant reçu un diagnostic de cancer. L’American College of Sports Medicine (ACSM) soutient que l’activité physique est une intervention complémentaire efficace pour la gestion de plusieurs effets secondaires du cancer et ses traitements [8,9].

Mais… comment bouger efficacement et de façon sécuritaire dans ce contexte ?  Qui peut accompagner les individus recevant un diagnostic de cancer à intégrer ou adapter l’activité physique à leur nouvelle réalité ? Cet article mettra en lumière le rôle essentiel du kinésiologue dans un contexte de cancer.

 

Le kinésiologue, un partenaire essentiel dans une équipe interprofessionnelle 

Maintenir une pratique d’activité physique régulière et éviter l’inactivité physique suite à l’annonce d’un diagnostic de cancer peut représenter un défi. Il est commun de voir émerger des questionnements chez les personnes qui reçoivent un diagnostic de cancer concernant la fréquence, l’intensité, la durée et le type d’activités à privilégier pour bouger de façon sécuritaire et optimale. Parallèlement, ces personnes peuvent faire face à des défis considérables tels que l’accès à des programmes d’activité physique adaptés et encadrés par des kinésiologues formés en activité physique et cancer, le transport, le stationnement, le manque de temps, les nombreux rendez-vous médicaux, la peur d’aggraver ses symptômes, l’absence de soutien de la part de l’équipe médicale et le sentiment d’insécurité [10]. Toutefois, la période suivant l’annonce d’un diagnostic de cancer est souvent favorable aux changements et à l’adoption de saines habitudes de vie [11]. Ainsi, les enjeux spécifiques au contexte de cancer font du kinésiologue un partenaire essentiel dans une équipe interprofessionnelle pour surmonter ces défis et accompagner ces individus à bouger de façon sécuritaire et adaptée.

 

Une formation en activité physique et cancer fortement encouragée, voire incontournable

Les kinésiologues sont les professionnels de la santé spécialistes de l’activité physique. Les kinésiologues utilisent le mouvement à des fins de prévention, de traitement et de performance dans le but d’optimiser la condition physique d’une personne en tenant compte de son état de santé [12]. Les kinésiologues peuvent contribuer à plusieurs niveaux : promotion des saines habitudes de vie, prévention, réadaptation et optimisation de la condition physique. Leur approche personnalisée et individualisée permet d’adapter l’intervention selon la condition et les préférences de l’individu afin qu’elle soit sécuritaire, attrayante et permette des bénéfices sur la santé physique et psychologique. Les kinésiologues peuvent également intervenir de façon individuelle ou en groupe.

Les kinésiologues ayant suivi une formation spécialisée en activité physique et cancer (ex. : Thrive Health Services, ACSM/ACS Certified Cancer Exercise Trainer, Cancer Exercise Training Institute (CETI)) ont acquis les connaissances et compétences nécessaires pour intervenir de manière sécuritaire auprès de cette population. Les kinésiologues ainsi formés adaptent et personnalisent les prescriptions d’activité physique en fonction du type de cancer, du stade de la maladie, des traitements reçus et leurs effets secondaires, ainsi que l’état de santé physique et psychologique de l’individu. Les kinésiologues formés en activité physique et cancer sont en mesure d’adapter les interventions en fonction des comorbidités fréquemment liées au cancer (lymphœdème, métastases osseuses, atteintes cardiométaboliques, problèmes arthritiques et musculosquelettiques).

Il y a un réel besoin et intérêt à développer une certification en activité physique et cancer au Québec.

D’ailleurs, la qualification des professionnels de l’activité physique dans un contexte de soins en oncologie est perçue comme importante, voire incontournable aux yeux des individus ayant reçu un diagnostic de cancer et des autres membres des équipes interprofessionnelles en oncologie qui réfèrent leurs patients aux kinésiologues.

 

Des programmes d’activité physique pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer au Québec !

En 2018, la Clinical Oncology Society of Australia a statué que la promotion de l’activité physique devait faire partie des soins de routine dans le traitement du cancer [10].  Au Québec, il y a un intérêt manifeste des patients et des différents professionnels de la santé pour les programmes d’activité physique et cancer. Bien que ces programmes soient peu nombreux, certains ont été intégrés avec succès dans des centres hospitaliers, tels que le programme de kinésiologie de la Fondation Virage au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et Hope and Cope à l’Hôpital général juif de Montréal pour n’en nommer que quelques-uns.

De plus, la Fondation québécoise du cancer (FQC) offre des services gratuits en ligne et en clinique à Gatineau, Montréal, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières. La FQC collabore également avec les cliniques Ékisanté (Rive-Nord de Montréal), Kinik (Rive-Sud de Montréal) et Pavillon du cœur Beauce-Etchemin (Beauce) pour offrir gratuitement un accompagnement en activité physique pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer. Ces services sont tous supervisés par des kinésiologues ayant une expertise en activité physique et cancer pour assurer une prise en charge optimale et sécuritaire des patients.

 

Promouvoir l’activité physique dès le diagnostic de cancer

En terminant, les pratiques de promotion de l’activité physique pour les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer sont encore peu répandues et l’offre de services varie d’une région à l’autre. Sachant que l’activité physique peut être pratiquée avant, pendant et après les traitements, les kinésiologues formés en activité physique et cancer ont un rôle clé à jouer dans la diffusion et l’implantation des recommandations relatives à la sécurité, l’efficacité et la quantité d’activité physique pour améliorer la santé physique et psychologique des personnes ayant reçu un diagnostic de cancer.

Ultimement, le développement d’innovations organisationnelles et de formations spécialisées sera nécessaire pour implanter et assurer la pérennité des services et programmes en activité physique qui sont adaptés aux besoins et particularités des individus ayant reçu un diagnostic de cancer.

 

Autrices :

  • Alexia Piché, étudiante à la maîtrise en sciences de l’activité physique [1, 2],
  • sous la supervision de Isabelle Doré, PhD, professeure adjointe [1, 2, 3],
  • en collaboration avec Isabelle Brisson, kinésiologue [4]
  • et Lise Gauvin, PhD FCAHS, professeure titulaire [2,3].
[1] École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique (EKSAP), Faculté de médecine, Université de Montréal.

[2] Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

[3] Département de médecine sociale et préventive, École de santé publique (ESPUM), Université de Montréal.

[4] Fondation Virage, Centre hospitalier de l’Université de Montréal.


 

[1] Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. Statistiques canadiennes sur le cancer 2021. Société canadienne du cancer cancer.ca/Canadian-Cancer-Statistics-2021-FR (2021).

[2] Doll, R., Kazanjian, A., Smillie, K., Ward, A. & Chasen, M. A call for action in survivorship research and care. Curr. Oncol. 19, 16–20 (2012).

[3] Friedenreich, C. M. Physical activity and breast cancer: review of the epidemiologic evidence and biologic mechanisms. Recent Results Cancer Res. 188, 125–139 (2011).

[4] Carli, F., Gillis, C. & Scheede-Bergdahl, C. Promoting a culture of prehabilitation for the surgical cancer patient. Acta Oncol. 56, 128–133 (2017).

[5] Neo, J., Fettes, L., Gao, W., Higginson, I. J. & Maddocks, M. Disability in activities of daily living among adults with cancer: A systematic review and meta-analysis. Cancer Treat. Rev. 61, 94–106 (2017).

[6] Green, C. R., Hart-Johnson, T. & Loeffler, D. R. Cancer-related chronic pain: examining quality of life in diverse cancer survivors. Cancer 117, 1994–2003 (2011).

[7] Abrahams, H. J. G., Gielissen, M. F. M., Verhagen, C. A. H. H. V. M. & Knoop, H. The relationship of fatigue in breast cancer survivors with quality of life and factors to address in psychological interventions: A systematic review. Clin. Psychol. Rev. 63, 1–11 (2018).

[8] Schmitz, K. H. et al. Exercise is medicine in oncology: Engaging clinicians to help patients move through cancer. CA Cancer J. Clin. 69, 468–484 (2019).

[9] Campbell, K. L. et al. Exercise guidelines for cancer survivors: Consensus statement from international multidisciplinary Roundtable. Med. Sci. Sports Exerc. 51, 2375–2390 (2019).

[10] Cheema, B. S., Fairman, C. M. & Marthick, M. Exercise Professionals in the Cancer Center: Experiences, Recommendations, and Future Research. Translational Journal of the American College of Sports Medicine 4, 96 (2019).

[11] Bates, A., West, M. A. & Jack, S. Framework for prehabilitation services. The British journal of surgery 107, e11–e14 (2020).

[12] Code de déontologie. Fédération des kinésiologues du Québec https://www.kinesiologue.com/fr/code-de-deontologie (2019).

Par Alexia Piché, étudiante à la maîtrise en sciences de l'activité physique, l'équipe Mon Kinésiologue
31 mars 2022
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